La tourangelle

   

Mon appareil photo n'avait plus de batterie. Tout commença devant une gare. Non, tout commença devant un canal à Toulouse. Assise je rêve, je fume j'écris, assise je n'appréhende pas et ça me perturbe. Assise les vélos me regardent, ils descendent la pente et les péniches en passant font remonter les déchets du fond des eaux. Vertes. Enfin, plus tard, plus loin, tout a commencé assise sur ma ptite mallette, attendant, me levant, tournant en rond. Un bruit de roulettes sur les pavés, c'est parti. Des arbres font un toit à cette première place où je m'engage. Longues rues, l'air est frais. Le reste tient sans doute de l'irréalité émotionnelle, puisqu'on a pas de moment où se poser être seule et psychoter, ce qui n'est pas un mal.
Le premier départ fut un dimanche. C'était pas comme l'autre fois où j'étais partie loin, loin les troubles, loin la peur, bien dans mes godasses comme on dirait. Je me promettais alors, dans ces lignes que je reparcoure, de ne plus rire au tout de ne pas jouer de rôle et de réfléchir à la meilleure façon d'annoncer. Mais à quoi bon reparcourir les lignes, on va énumérer comme on aime bien.
Les chiottes de train sont définitivement calées pour fumer : -L'aération au plafond aspire toute la fumée -Le sèche main vire les dernières effluves et -Le produit à chiottes dégage une forte odeur (deg'). Mais ça on se le sera dit qu'au retour. Le deuxième et vrai départ sera après demain, au matin on prendra la voiture le soir on dormira dans cet hôtel où je me suis arrêtée pour réserver des chambres, y'avait une bande de footballeurs en maillot qui peuplaient l'entrée. J'ai des caisses à remplir et les listes j'ai eu le temps de les faire durant ces foutues 8 heures de train que je me suis tapée aujourd'hui.
J'ai suivi des cours qui m'ont secouée, autre part loin de celle que j'étais j'ai pu remettre en cause toute chose afin de découvrir en moi la vérité, du moins je le pourrai, je l'ai déjà pu entrevoir. Une fin de journée j'ai été m'assoir prés des flots de la Loire.
[Elle s'installa où le courant coulait en écoutant la voix. Les mains sales le cœur usé elle se dit "Honey, what have I done ?". Descendait l'échelle à l'envers. Prés de l'eau dont je n'entends pas les flots, j'ai perdu mon feu. Retrouvé. Chanson suivante. Refuge, éclot d'acier, enclin à incliner
les diagonales imaginaires tracées au ciel comme l'on trace des tropiques.
Épique fuite atypique étique.]
La fenêtre était entrouverte au dessus de nos têtes. On a tapé dans nos mains en disant nos prénoms. On a cru mais en fait non. On s'est dit qu'on allait pas commencer à s'enrager pour de futiles choses déjà. Alors on n'a fait qu'effleurer l'idée d'enrager. Mais au dessus de nos têtes la question flotte, lourde, on l'interpelle, on c'est je. Merci de cette écoute. Je crois y voir clair tout en étant persuadée intimement que je n'aurai jamais le courage. Quelle angoisse. Le gros point noir de l'histoire. C'est un demain, j'ai peur. Un samedi repasser à Montpell'. Passer récupérer l'ampli, mais ne pas rester longtemps, j'aurai trois quarts d'heures montre en main pour fixer mes mots. Bref. On continue à raconter ? La grande salle était directement à l'entrée, là haut on a mis trois jours à trouver la cafetière. Hôtel de ville fleuri. C'est beau une cathédrale fond nuages couleur bleu électrique air : frais. Frais pas froid. J'ai pris le premier studio que j'ai visité. Ça devrait me faire un quart d'heure de marche pour aller à l'école. Dans le train tout est étrange mais j'ai sommeil, je ne veux surtout pas réfléchir, je vais m'endormir comme au creux de ton lit, et rêver ne pas réfléchir.

Comments

[Nina]

j'ai longtemps habité Tours (il y a si longtemps, quand j'étais étudiante). J'adorais la Loire, et puis bien sûr il y a les cinémas Studio...
Bonne installation !
Nina