Dans ces eaux-là

   

   

Je suis dans ces eaux-là. Au réveil la question qui a cuit à feu doux dans mes esprits se fait si concrète qu'elle nous fait perdre pied avec la réalité. C'est un peu comme quand j'ai pu aller faire ce stage à disneyland et que c'était une idée lointaine que je n'ai attrapé qu'une fois dans le train. Je m'en suis mordu les doigts avant de rencontrer. Mais ça n'a rien à voir. Là c'est même carrément impossible. D'un côté maintenant que je me suis dis pourquoi pas, au moment de ne pas le faire et durant toutes les longues heures qui en découleront, je m'en voudrai d'être là et cette maison deviendra plus glauque encore. Je n'ai pas le droit de décider ça. Je sais pas pourquoi mais quelque chose me dit que je ne peux pas. La croix à côté du nom et le destin qui me répondait avaient-ils un lien avec CA ? Cet appel téléphonique ? Cette soirée où l'on parlera longuement.
Aller faire du stop au bord d'une route avec elles, avec eux. Un voyage en voiture avec ma mère, je ne finirai pas ce joint, la. Faut que j'arrete, ça me tue. Ca m'épuise et ça me rend en décalage avec le concret, c'est étrange. Autant que ca peut être excellent pour créer, ça propulse trop dans un autre monde, j'crois que c'est à choisir à présent. Sauf quand il faut rire et rire encore plutôt que de s'envoyer des regards chelous, autant dire qu'il y a pas mal de remises en question en ce moment. Et encore une fois je ne pourrai jamais faire le choix seule. Les autres qui approuvent sont une sorte de sécurité bizarre dont j'ai toujours autant besoin, à mon grand regret je ne crois pas encore suffisamment en mon univers pour me jeter dans la gueule de l'inconnu seule. Je précise que ceci s'applique à cet instant même, et que tant bien dans une demi heure il en sera tout autre. J'ai besoin d'elles.
Aujourd'hui j'suis arrivée à la moitié de ma dix-neuvième année.